Apprentissage-Formation-Emploi
CHANGER DE REGARD SUR L’APPRENTISSAGE

Pour que L’APPRENTISSAGE retrouve la place qu’il mérite

ARC Jean-Bernard Sieber

ARC Jean-Bernard Sieber

On le sait bien, tout le monde a un avis sur l’école. Et c’est encore plus flagrant en cette période de rentrée: la formation est un sujet inépuisable de discussions et de débats. Mais si les attentes varient beaucoup d’une personne à l’autre, d’une famille à l’autre, il est un point sur lequel tout le monde ou presque peut s’entendre: l’institution doit fournir à nos jeunes les clés pour devenir des adultes épanouis professionnellement, des citoyens autonomes et éclairés et qui se sentent bien dans leurs baskets.

Pour y parvenir, il n’existe pas qu’un seul chemin. Au contraire, et c’est justement l’une des richesses de notre pays. Formations académiques et professionnelles se complètent et constituent un système performant qui nous est envié à l’étranger. La formation professionnelle, en particulier, est considérée comme l’un des fleurons de la Suisse. Pourtant, dans le Canton de Vaud, on a un peu tendance à l’oublier.

Quelques chiffres illustrent ce constat. Aujourd’hui, moins de 20% des élèves vaudois commencent un apprentissage directement à la sortie de l’école obligatoire, un nombre largement inférieur à la moyenne suisse. 46% intègrent le gymnase pour y suivre l’école de maturité ou de culture générale; un choix parfois par défaut, sans réel projet professionnel ou académique. Un quart des élèves sont en solutions de transition. 

Il n’est pas question ici de mettre en concurrence les différentes filières, cela n’aurait pas de sens. Mais il faut se demander pourquoi ce désamour pour l’apprentissage persiste en terres vaudoises. Car le constat est là: ici bien plus qu’ailleurs, les jeunes préfèrent attendre avant de s’orienter vers un métier concret, qualifié.

«La formation professionnelle offre des débouchés concrets, des passerelles multiples (vers les HES, les écoles supérieures, les maîtrises fédérales), et une entrée rapide dans le monde du travail.»

La formation professionnelle offre des débouchés concrets, des passerelles multiples (vers les HES, les écoles supérieures, les maîtrises fédérales), et une entrée rapide dans le monde du travail. Elle permet à nos jeunes d’accéder à des professions essentielles, bien rémunérées, souvent porteuses de sens, en pleine transition énergétique et numérique. 

Pour que cette voie retrouve la place qu’elle mérite, le Département de l’enseignement et de la formation professionnelle a entamé un travail de fond il y a longtemps déjà: refonte de l’orientation, meilleur accompagnement des élèves à l’école obligatoire déjà, Salon MINT et Salon des métiers, et bientôt une Cité des Métiers, à disposition des familles. Nous travaillons également avec nos partenaires sur des changements plus structurels, au travers du projet MAT-EO, qui vise notamment à repenser les années 9 à 11. 

Mais l’école n’y arrivera pas seule. Ensemble, nous devons changer de regard. Parents, entreprises, associations professionnelles, médias. La revalorisation de l’apprentissage, c’est l’affaire de tous. Et cela prendra du temps. Mais si nous voulons un canton où chaque jeune trouve sa place, il est urgent de redonner toute sa légitimité à cette voie, parfois considérée comme un second choix.

Frédéric Borloz
Chef du Département de
l’enseignement et de la formation professionnelle