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CHANGER DE REGARD SUR L’APPRENTISSAGE

ORIENTATION: connaître le monde des possibles

Avec ses centres régionaux qui quadrillent le canton, ses conseillers en orientation ou ses événements autour de la découverte des métiers, l’Office cantonal d’orientation scolaire et professionnelle (OCOSP) est en première ligne pour l’aide à l’intégration professionnelle et l’employabilité en fin de scolarité obligatoire. À sa tête depuis bientôt un an, Emmanuelle Rossier en rappelle avec ardeur le credo: aider les jeunes à se connaître et à connaître «le monde des possibles».
ARC Jean-Bernard Sieber

Emmanuelle Rossier, cheffe de l’Office cantonal d’orientation scolaire et professionnelle: «les jeunes doivent se connaître (motivations, envies, freins) et connaître le système.»

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Tous les élèves de 10e année sont encouragés à faire au moins un stage d’orientation, pendant leurs vacances ou les cours.

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Les questions liées à l’orientation peuvent se poser tout au long du parcours professionnel comme en témoignent les usagers de l’OCOSP, qui sont autant des jeunes en transition que des adultes en reconversion ou des parents concernés par l’avenir de leurs jeunes. Pour ces derniers qui s’apprêtent à quitter l’école obligatoire, le chemin semble tout tracé: «L’un des axes stratégiques forts de la politique cantonale est de favoriser les transitions directes avec des solutions certifiantes – qu’il s’agisse de l’école de maturité, de l’école de culture générale ou de l’un des 175 apprentissages enseignés dans le canton», rappelle Emmanuelle Rossier.

L’orientation, c’est durant toute la vie
À l’heure du choix de l’orientation, après la 11e, le chemin peut pourtant être semé d’embuches pour celles et ceux qui partent en apprentissage. L’OCOSP joue alors un rôle clé pendant cette période charnière qui coïncide avec l’adolescence et peut se révéler intense. «Nous accordons beaucoup d’attention à cette étape, tout en veillant à ne pas en faire une condition absolue de réussite et d’épanouissement.» La crainte d’Emmanuelle Rossier? Qu’une trop grande importance donnée à ce moment vienne paralyser les jeunes et leurs parents. «L’orientation, c’est toute la vie et il existe beaucoup de passerelles pour revenir sur ses pas ou sauter quelques marches plus tard. On peut être boulanger à 18 ans, et pas forcément à 40!» Son conseil: ne pas s’enfermer dans un non-choix, et dédramatiser. «Accompagné de ses parents, qui sont souvent les premiers prescripteurs, le jeune doit garder à l’esprit deux choses: se connaître (sa motivation, ses envies, ses freins) et connaître le système, ce monde des possibles qui s’offre à lui».

Évaluer l’accessibilité de ses rêves
Les compétences pour un métier? À écouter Emmanuelle Rossier, elles comptent, bien entendu, mais l’envie est centrale. «Il faut avant tout une forte motivation pour mener un apprentissage qui cumule les exigences du milieu scolaire et du monde professionnel!» Et c’est là que l’OCOSP intervient, à grand renfort d’information et de sensibilisation (via les écoles, les médias et les réseaux sociaux) auprès des élèves, mais aussi de leurs parents et des futurs employeurs. «Le système a beaucoup changé. La formation des conseillers en orientation a évolué, tout comme les objectifs sous-jacents. Aujourd’hui, on essaye de créer avec les rêves des jeunes sans nier la réalité économique. On ne dit plus: Non ce n’est pas possible; on s’interroge avec eux: Ce rêve est-il accessible? et on les amène à prendre conscience eux-mêmes des éventuelles limites, puis à ouvrir davantage leur champ des possibles. Il faut que cela reste la décision des jeunes.» 

Rencontres et stages: se confronter à la réalité du terrain 
De son côté, le monde économique a bien saisi les enjeux de l’apprentissage: «Nous menons énormément d’actions pour faciliter le lien entre jeunes et entreprises.

 

Certaines de dimension cantonale, comme la Nuit de l’apprentissage et d’autres plus locales comme Immersio. Il existe un vrai partenariat et nous avons aujourd’hui beaucoup de places d’apprentissage, sauf dans quelques métiers de niche, mais prisés par les jeunes, comme assistant-vétérinaire… Cela reflète toutefois les besoins des entreprises, donc les jeunes doivent pouvoir s’adapter à cette réalité.»

Le cheval de bataille de l’OCOSP pour cette rentrée 2025: continuer à encourager tous les élèves de 10e année à faire au moins un stage d’orientation, pendant leurs vacances ou les cours. «Certes, il ne s’agit pas de recrutement pour les entreprises, mais d’occasions de faire découvrir leurs métiers aux jeunes le plus tôt possible. Outre la responsabilité sociétale que cela représente, c’est aussi un moyen de susciter des vocations, de faire un pari sur l’avenir…»  D’un à trois jours ou plus, ces stages d’orientation jouent la carte de la flexibilité: individuels ou collectifs, toute l’année ou à des périodes fixes, ils sont faciles à mettre sur pied grâce à la plateforme orientation.ch qui recense les places de stage et d’apprentissage disponibles. «Le but est d’avoir le plus d’entreprises dans le même secteur pour diluer la charge. Dès la rentrée, les flux seront plus réguliers et davantage mis à jour», se réjouit Emmanuelle Rossier.

Relai-entreprise: un projet qui prend son envol
Initié en janvier 2023 dans le grand Lausanne par l’OCOSP, le programme relai-entreprise s’apprête également à prendre de l’ampleur. «C’est une action sur le terrain qui soutient les élèves en fin de scolarité obligatoire dans la recherche de places de stage et d’apprentissage. Il s’adresse à des jeunes avec un projet de formation bien élaboré, mais qui peinent à le concrétiser, notamment en raison d’un manque de réseau personnel.» Concrètement, un accompagnement individuel renforcé est ainsi apporté à chaque bénéficiaire du projet. En 2024, le programme s’est étendu à l’est puis au nord vaudois. Dès cette rentrée scolaire, il concernera tout le canton avec une extension à l’ouest. «Depuis le début du programme, 398 élèves ont pu en bénéficier, effectuant plus de 500 stages. Et, avant l’été, 120 contrats d’apprentissage avaient déjà été signés», se réjouit Emmanuelle Rossier.

Renforcer l’accompagnement en amont
Mais au-delà de tout ce que peut proposer l’OCOSP, Emmanuelle Rossier rappelle l’importance de l’implication des parents dans le processus d’orientation et émet un vœu qui lui est cher: commencer l’accompagnement le plus tôt possible. Sans «se mettre la pression», elle évoque l’importance de semer des graines le plus tôt possible afin que le jeune sache qui il est et ce qui existe dans la société pour lui. «Cela facilitera indubitablement l’atteinte de ses objectifs. Bien sûr que la jeunesse est fragile, évidemment que les problématiques sociétales se sont complexifiées, mais on ne peut pas dire simplement le monde est trop dur: il nous faut accompagner nos jeunes le plus possible en amont – parents, professeurs, politiques, entreprises –, les outiller pour leur donner la chance de se réaliser.»


• Cité des métiers: centraliser une information déjà riche •

À l’horizon 2027, la Cité des métiers ouvrira ses portes à Crissier. Elle réunira l’intégralité des ressources d’orientation pour tous les âges et tous les publics. Ce qui n’empêche pas l’office de continuer à mener une réfle­xion sur la dématérialisation de l’infor­mation à destination des plus jeunes géné­rations. Outre l’actuel site d’information de l'OCOSP (vd.ch/orientation), l’espace multimédia sur les métiers et les formations très prisé (zoom-vd.ch) permet d’explorer en images et en sons les professions et filières existantes. 


• L’orientation à l’école obligatoire en chiffres (2023-2024) •

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