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CHANGER DE REGARD SUR L’APPRENTISSAGE

TÉMOIGNAGE: Nathan Daniel, 19 ans, en 2e année de matu pro

Nathan Daniel est apprenti gestionnaire du commerce de détail aux CFF. Ce jeune homme, qui entame sa deuxième année de «matu pro» intégrée, a déjà multiplié les expériences professionnelles et surmonté des choix scolaires difficiles. Son témoignage illustre les tâtonnements, les doutes, mais aussi les opportunités qu’offre aujourd’hui la formation duale en Suisse.
ARC Jean-Bernard Sieber

Nathan Daniel, à son poste en gare de Genève Cornavin.

ARC Jean-Bernard Sieber

«En 9e, j’étais en voie générale et on nous parlait plus d’apprentissage que de gymnase», se souvient Nathan. Pourtant, le jeune homme obtient in extremis les points nécessaires pour poursuivre des études académiques: «Il fallait 19 points dans quatre matières principales, j’ai eu tout juste 19.» Direction donc le gymnase, avec une option santé, puis une option travail social en deuxième année. Mais l’expérience tourne court. «J’ai redoublé la première année et, malgré les points obtenus en début de deuxième année, le stress était trop fort. J’étais devenu une coquille vide.» Deux années éprouvantes sur le plan psychologique et des résultats scolaires fragiles le conduisent à arrêter : « J’ai compris que je ne pouvais pas continuer.» S’ensuit une année blanche, consacrée à «reprendre des forces», avant un tournant décisif: chercher un apprentissage.

Des stages pour trouver sa voie
Hormis ce passage à vide qu’il raconte, Nathan n’est jamais resté inactif. Dès ses années de scolarité obligatoire, le jeune homme multiplie les stages: «J’ai fait de la vente, de la mécanique, même un stage en bijouterie.» Premier contact marquant avec le monde du travail: un stage d’orientation à la Poste, à Vevey, juste avant le confinement de 2020. Puis viennent la Migros, Interdiscount, un garage communal et même un passage au CHUV, à 16 ans: «Je faisais la plonge et je servais les plateaux des patients. C’était mon premier vrai salaire.»

Ses parents, d’abord réticents à l’idée d’une carrière dans la vente, l’encouragent aujourd’hui. «Ils pensaient que la vente ne menait pas loin et que je pouvais faire mieux. Mais quand je leur ai expliqué qu’avec un CFC et une maturité professionnelle, je pouvais poursuivre des études, ils ont changé d’avis. Mon père, qui est chauffeur de bus, est maintenant fier qu’on travaille tous les deux dans les transports publics.»

Un apprentissage exigeant, mais porteur
Depuis août 2024, Nathan est en apprentissage aux CFF, avec une maturité intégrée. Il partage son temps entre entreprise et école professionnelle à Nyon.

«Je travaille au guichet : conseil clientèle, vente de billets, transferts d’argent, etc.» Il effectue des tournus mensuels dans plusieurs gares, de Sierre à Genève en passant par Montreux. Le rythme est soutenu: «En première année, j’avais deux jours de cours par semaine.» Si les cours CFC ne lui posent pas trop de problèmes, la maturité se révèle plus intense, surtout en maths, en finance et en comptabilité. «Il faut être à 100% dedans dès le début», analyse Nathan. L’entraide entre camarades et des cours d’appui l’aident à tenir. «Ce n’est pas insurmontable, mais il faut être sérieux.»

Des projets déjà précis 
Nathan envisage la suite avec lucidité. «J’aimerais rester aux CFF, mais si je ne suis pas engagé, ma maturité me permettra de poursuivre des études.» Il a déjà réfléchi aux alternatives: HES Valais en tourisme, HEG Arc en droit économique, voire l’Unil après un examen passerelle. Et si ce n’est pas l’université? «Je pourrais faire un autre apprentissage, pourquoi pas mécatronicien, un métier d’avenir avec l’électrification des voitures.» Le parcours de Nathan illustre bien la diversité des opportunités qu’offre aujourd’hui le système suisse. «J’ai testé plein de choses, parfois à l’encontre des attentes de mes parents. Mais c’est grâce à ça que j’ai trouvé ce qui me convient.»

«Travailler, ça m’a appris à avancer»
Entre ses études duales et des petits boulots pour arrondir ses fins de mois – jusqu’à travailler à la voirie de sa commune cet été pendant ses vacances –, Nathan reste déterminé: «Je vis encore chez mes parents, ils m’aident pour l’assurance maladie, mais le reste je le finance moi-même.» À 19 ans, ce jeune homme qui se disait «perdu» il y a deux ans trace désormais sa route avec confiance. «Ce que j’ai appris? Qu’il faut persévérer, et surtout oser faire des choix, même quand on doute.»